Avec le COVID-19 et le développement de l’Internet offrant une qualité de service de plus en plus importante, les écoles et universités ont du mettre en place la continuité pédagogique via les outils numériques modernes.

Le « A distance » (ou distanciel) devient la modalité à mettre en place pour atteindre un public confiné et éloigné dont le seul lien social est ce système de communication qui le relie au monde extérieur.

  1. La transmission, première étape de la eFormation

Dans la eFormation, il y a le ‘e’ (électronique).  On pourrait dire que c’est la transposition des modalités de formation en présentiel dans le cadre du distanciel en utilisant les moyens de communication électroniques. Cela s’est souvent limité au départ, en raison du manque d’outils numériques interactifs, à la diffusion de l’information. C’est le schéma de transmission et de diffusion électroniques connus depuis l’apparition des systèmes de télécommunication au XIXème siècle nécessaire pour dispenser un savoir à une large échelle. Cette pratique est à la base des différents systèmes de formation à distance (FAD) ou enseignement à distance (EAD) du  XXème siècle.

Avant le développement massif de l’Internet et l’accès grand public, la formation à distance utilisait principalement les cours par correspondance via le réseau postal. Les documents étaient envoyés par courrier à l’étudiant qui renvoyait sa copie via le même moyen. Le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED), établissement public français spécialisé dans l’enseignement par correspondance, a utilisé massivement ce moyen. Certains pays, pour dispenser largement le savoir vers une population disséminée sur leur territoire utiliseront les moyens de télédiffusion. L’enseignement utilisant la vidéo comme support avait plus d’impact que le document textuel. Ainsi différentes chaînes télévisuelles éducatives apparaîtront. ce fut le cas de l’Inde ou de l’Egypte. En Inde, l’IGNOU (Indira Gandhi National Open University) offre ses services par ces moyens pour 3 millions d’étudiants.

Correction des copies dans les locaux parisiens (entre deux-guerres).
Les copies sont ensuite renvoyées aux élèves.

École à distance (par radio) au Queensland (Australie) vers 1960.

FICUS : Cyber-Universté Franco-Indienne entre l’IIS de Bangalore et l’UPS
début des années 2000

Avec l’Internet, cette modalité de diffusion va se transposer sur ce nouveau média qui, via les serveurs disséminés, permet même d’enregistrer ces cours filmés. Ce sont des « lectures ». Il suffit d’aller sur les plateformes telles que YouTube pour voir un ensemble de « lectures » de différentes universités dont la durée de chaque « lecture » est équivalente à la durée d’une séance d’un cours (allant jusqu’à 2h de cours filmé). Des établissements prestigieux, comme le MIT, enregistrent leurs cours et les diffusent sur Internet (https://ocw.mit.edu/courses/audio-video-courses/). L’enseignement en ligne se développe.

Cette modalité de formation se concentre sur l’enseignant qui doit délivrer un certain nombre de connaissances et de savoirs par le biais de communication verbale et/ou écrites. Cette communication peut être asynchrone par le biais de documents (écrit/audio/vidéo) déposés sur une plateforme que l’étudiant peut télécharger. En fait, l’enseignant met en place une médiathèque d’enseignements constituée de ressources dont il peut être l’auteur ou non. Mais cette communication peut être synchrone et dans ce cas l’enseignant et les étudiants se retrouvent à un moment donné et à un endroit donné (synchronisation du temps et du lieu). La classe est reconstituée virtuellement grâce aux outils de communication de visio/audio conférence et de partage synchrone d’écran et/ou de document.

Ceci est le premier pas pour tous ceux qui veulent utiliser les outils numériques pour dispenser leurs cours à distance. En l’enregistrant, ils permettent à l’étudiant d’accéder en asynchrone (quand il veut et sans présence en ‘live’ de l’enseignant) au cours. L’apprenant peut revoir certaines parties autant de fois qu’il le veut. La présence synchrone sera consacrée pour interagir et échanger en classe. L’enseignant doit d’abord identifier tout ce qui est transmissif et utiliser les outils numériques pour cette transmission. Il est nécessaire de passer par cette étape avant d’aller plus loin dans la transformation.

Avec le modèle de classe inversée, l’approche par blocs de compétences et Learning Outcomes (LO) et les outils et technologies numériques, la formation à distance s’est transformée… Le passage d’un modèle centré sur le professeur VERS un modèle centré sur l’élève afin de répondre aux besoins individuels de chacun se précise. La transformation digitale va au delà de la simple utilisation des outils numériques. Elle passe par une maîtrise des usages et par l’intégration du numérique dans le processus de formation. La transformation digitale implique un changement de posture qui accompagne l’innovation pédagogique. Elle ouvre de nouveaux horizons qu’il serait dommage, et même irresponsable, d’ignorer en assurant en urgence du distanciel pour raison de crise sanitaire. Si on s’arrêtait à cette étape de transmission (nécessaire mais pas suffisante), cela reviendrait alors à faire de la formation à distance comme il y a plusieurs décennies… en occultant tout le potentiel qu’offre le numérique pour l’accompagnement et l’individualisation des parcours dans le cadre de l’aide à la réussite de l’apprenant.

A suivre …